Après neuf semaines d’expérimentation, MAIN adopte la semaine de quatre jours.
Il n’aura fallu que quelques semaines de télétravail dans le contexte de crise, pour comprendre que la ribambelle des Zoom, Slack, Docs, etc. associés à une absence de contact humain et de moments de socialisation non structurés n’étaient pas sans impacts sur l’équipe du Mouvement. Ajoutons cela au stress additionnel lié à la pandémie et au confinement et ça donne un joli cocktail.
Mais le constat le plus étonnant: le nombre d’heures travaillées chaque semaine était trop élevé! Travailler plus de 50 heures par semaine dans un contexte social difficile et de surcroît sans transition physique entre la maison et le bureau et sans frontière marquée entre le personnel et le professionnel, ce n’est pas toujours compatible avec prendre soin de soi, s’occuper des enfants à la maison, être « présent » malgré la distance pour les proches, et tralalère.
Ce déséquilibre comporte un risque trop important pour être ignoré: perdre des ressources à cause de l’épuisement ou de l’impossibilité de concilier les obligations.
Pourquoi faire en cinq jours ce qui peut être fait en quatre?
Après deux semaines consécutives de quatre jours imposées par le congé pascal en avril, nous avons décidé, en équipe, de « libérer » le vendredi de tout engagement formel lié au travail.
Le principe est simple: abattre en quatre jours tout le travail qu’on ferait dans une semaine normale. Le vendredi devient alors congé. Si, pour quelque raison (personnelle, santé physique ou émotionnelle, fatigue, ou autre), l’un.e d’entre nous a levé un peu la pédale du lundi au jeudi, ou si, exceptionnellement, il y a un petit sprint à donner sur un projet, alors le vendredi est là pour organiser le travail à notre guise, à notre rythme, sans la pression des obligations externes, des rendez-vous d’équipe, etc. Généralement, en quelques heures, on arrive à vider la to-do, et à fermer l’interrupteur, tout doucement.
Parce que les vieilles habitudes ont la couenne dure, nous avons établi une routine pour faciliter la transition. Chaque jeudi après-midi, toute l’équipe se réunit sur Zoom (parfois un verre à la main) pour faire le point sur la semaine et se souhaiter bon weekend.
Nous en profitons pour accepter collectivement de remettre à la semaine prochaine tout ce que nous n’avons pas réussi à faire, comme équipe et individuellement. Nous nous donnons mutuellement la permission d’être imparfait.e.s, insatisfait.e.s, et cela nous rend meilleur.e.s.
Et dans l’équipe, on en pense quoi?
« Après avoir “expérimenté” la semaine de travail de 5 jours pendant plus de 10 ans, je n’ai pas l’impression d’accomplir moins qu’avant, même en 4 jours. La journée de congé extra, elle, a un impact énorme. Ça arrive qu’on ait des trucs à terminer le vendredi, mais le fait de se garder une journée “Zoom-free”, ça fait du bien. Le lundi, on voit que l’équipe a réellement réussi à décrocher. »
— Joyce
« Un week-end de 3 jours donne une plus grande envie de retourner au “bureau” après s’être reposé et permet de mieux établir ses objectifs, de mieux cibler ses priorités et donne un sens de l’organisation particulier que je n’avais pas nécessairement avec une semaine de 5 jours. Puisque le vendredi devient une journée libérée, je la vois comme une journée de congé à mériter. Ceci diminue le stress au travail et encourage fortement la productivité. »
— Hazar
« Ma personne est plus qu’une employée, plus qu’une travailleuse. Avoir trois jours de week-end plutôt que deux me permet de reconnecter avec les autres parties de moi-même qui se sentent laissées de côté pendant la semaine de travail. Quand je n’arrive pas à avoir mon vendredi au complet, c’est une journée relax, sans pression, parce que je sais que techniquement, personne ne s’attend à ce que je sois devant mon écran. »
— Alexandra
4 réflexions à propos de “Qui veut aller loin ménage sa monture”