De l’idée au PMEit: Omy, crème de la crème

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Texte et illustration de Juliane Choquette-Lelarge, collaboratrice spéciale

Portraits d’entrepreneur.e.s startup: de l’idée aux premières étapes de commercialisation, apprenez-en plus sur le parcours de ces entrepreneur.e.s exceptionnel.le.s ainsi que sur les acteurs de l’accompagnement québécois qui les ont aidés à pousser l’audace encore plus loin. Aujourd’hui, découvrez l’histoire d’Omy et d’une de ses fondatrices, Andrea Gomez.

Petite, Andrea Gomez était passionnée de cosmétiques. Et d’argent. 

Cours de maquillage et gestion de petite caisse, se voyant tour à tour directrice des plus grandes boîtes de cosmétiques ou banquière de renom, ses ambitions étaient claires. Dans sa Colombie natale, Andrea savait déjà où elle s’en allait: pas question de perdre de temps. 

Alors quand elle débarque au Québec avec sa famille, le chemin à suivre est tout tracé. Elle ne parle pas encore français, mais qu’à cela ne tienne, elle s’inscrit au cégep en gestion des commerces et se déniche un emploi comme cosméticienne. Les sommets du monde de la beauté ne paient rien pour attendre.

L’entrepreneuriat dans la peau

Un baccalauréat en administration des affaires plus tard et l’expérience du pinceau à maquillage bien rodé, elle est fin prête. CV en main, elle va cogner chez une grande multinationale du maquillage qu’elle admire… et se heurte à une porte close. Le choc est dur pour la jeune femme. Mais rapidement, une évidence s’impose à elle: elle la fondera elle-même, son entreprise.

C’est un voyage en Italie en 2016 qui la met sur la bonne piste. Car pendant tout le voyage, au lieu de poser fièrement devant le Colisée ou la Place Saint-Pierre, Andrea se cache des appareils photo. Hors de question d’immortaliser les grandes plaques rouges qui barrent soudainement ses joues. Qu’est-ce qui se passe? Elle trouve rapidement le coupable: la crème qu’elle applique sur son acné empire drastiquement sa rosacée, tout récemment diagnostiquée. Tiens, et s’il y avait là une opportunité…

Vérification faite, le marché des produits cosmétiques sur mesure, conçus pour traiter différents problèmes de peau simultanément, est tout prêt à être développé. 1 – 2 – 3 – go: la voie est libre et Andrea ne se fera certainement pas prier.

Une affaire de chimie

Si la détermination est là, la réalité se montre néanmoins un peu plus complexe. Car les soins cosmétiques sont une science de précision où la chimie et la dermatologie jouent un rôle bien crucial. Andrea réalise rapidement qu’elle devra s’allier avec les bonnes personnes pour mener à bien son projet.

C’est au courant d’une activité de réseautage organisée par l’Université Laval qu’on l’aborde: « Je connais quelqu’un qui a un projet très similaire au tien, je crois que ça pourrait marcher. Attends, je vais te la présenter ».

Ce quelqu’un, c’est Rachel Séguin, bac en chimie, maîtrise en sciences pharmaceutiques et tout aussi passionnée de cosmétiques. C’est le coup de foudre. « On avait des compétences complètement complémentaires et des objectifs parfaitement alignés ». Rapidement, tout se met en place: une première entreprise est créée, les fonds sont investis, les premiers courriels de partenariat envoyés.

Prises dans leur élan, les deux femmes s’associent à d’autres personnes – sans s’assurer d’être toutes bel et bien sur la même longueur d’onde. Bientôt, l’un des grands dangers qui guettent tout entrepreneur les rattrape: les dissensus s’immiscent dans l’entreprise naissante, les ambitions divergent, les moyens aussi. Cul-de-sac. Peu importe, on prend (presque) les mêmes et on recommence: Andrea et Rachel, plus soudées que jamais, se remettent à la tâche. Deux jours après avoir laissé partir leur première entreprise, elles fondent Omy.

L’aventure Omy

Des cosmétiques conçus sur-mesure pour les besoins spécifiques de chaque client.e. Adaptés à tous les problèmes de peaux, aussi complexes soient-ils, et aux préférences de chacun.e. Une crème légère à l’odeur de mangue pour régler les rougeurs? Pas de problème, c’est en route!

Pour Andrea et Rachel, la vision de ce que sera leur entreprise est claire: ne reste plus qu’à s’y rendre. Et ce ne sera pas si simple. Car endettées et éreintées par leur première expérience entrepreneuriale, les deux jeunes femmes sont pour ainsi dire un peu… démoralisées.

« Je me rappelle, quand on a lancé Omy – on était complètement perdues, on n’avait plus d’argent. Je me souviens d’un moment où on était toutes les deux sur le sofa de ma mère et qu’on pleurait parce qu’on savait pas du tout comment on allait faire. »

Mais pas question d’abandonner. Elles ont besoin d’argent? Pas de problème: l’univers entrepreneurial québécois ne manque pas d’opportunités pour en trouver. « On a fait un million de pitchs, on a sollicité plein de monde, on a appliqué à plein de bourses ». Et ça porte fruit! Entrepreneuriat Laval, EGGENIUS, le Fonds Pierre-Delagrave, OSEntreprendre, Femmessor, Futurpreneur, Pari-CNRC, Desjardins, Espace CDPQ, Académie de la relève entrepreneuriale: autant d’organismes convaincus par le projet des deux filles et qui leur offrent une première et précieuse poussée.

Avec les fonds récoltés, elles sont désormais en moyen d’installer un premier laboratoire et d’engager leurs premières employées. Après des mois de recherche et développement et mille et un contrôles de qualité, Omy lance sa première gamme de soins en janvier 2019. Sans sulfate, silicone ou paraben, et constitués à plus de 95% d’ingrédients naturels, les produits Omy suscitent rapidement l’intérêt.

Mais c’est leur passage à l’émission Dans l’Oeil du Dragon qui fait tout décoller. D’un coup, le premier laboratoire canadien de cosmétiques sur mesure est sur le devant de la scène. Et les ventes s’envolent.

Sky is the limit

Aujourd’hui, Omy c’est 26 employés, plus de 4000 formules et, surtout, l’envie d’aller encore plus loin. Où ça ? « On veut devenir les leaders mondiaux en cosmétiques sur mesure ». Et ça augure bien: avec une croissance de 400% en 2020 et des ventes dans tout le Canada comme aux États-Unis, Omy voit grand.

Son dernier bébé: un outil d’intelligence artificielle inédit intégré à leur site qui propose à chaque client.e une analyse détaillée de sa peau et de ses bobos. À partir d’un selfie et d’une immense base de données, l’outil effectue un diagnostic complet pour proposer la solution cosmétique la plus adaptée à la personne, à ses besoins et son environnement (saviez-vous que la saison avait une incidence critique sur l’effet de votre crème de nuit?).

Première entreprise au monde à proposer un tel service, l’outil a été développé grâce au soutien obtenu dans le cadre du service d’accompagnement PMEit de MAIN, avec l’appui de l’incubateur-accélérateur LE CAMP.

« C’est arrivé juste au bon moment – ça nous a aidées à peaufiner ce projet et aussi à faire face à plein de défis qui viennent avec la croissance, tant au niveau des opérations que des ressources humaines ou de la technologie ».

Avec du recul, Andrea considère que les structures d’accompagnement de l’écosystème startup du Québec sont vraiment ce qui a fait décoller son projet.

« C’est les différents mentors qu’on a eus qui nous ont poussées à nous accrocher, à prendre des risques, à garder le focus. C’est ce réseau de personnes extraordinaires qui nous a permis d’avancer et de réussir ».

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