Le budget du Québec 2023-2024 est le premier budget depuis les dernières élections québécoises. Il jette ainsi les bases pour les quatre prochaines années. Les montants alloués en économie et en innovation visent à développer l’économie québécoise à son plein potentiel.
Nous saluons certaines mesures spécifiques qui viendront appuyer des organismes qui soutiennent l’entrepreneuriat innovant. Parmi celles-ci, le projet de pôle d’entrepreneuriat de l’École de technologie supérieure a été ajouté au Plan québécois des infrastructures (PQI) sous la rubrique « En planification », ce qui indique un signal important pour le Centech. Nous notons également parmi ces mesures le soutien à la mission de la Station Fintech, la prolongation de l’Offensive de Transformation Numérique (OTN), et le soutien supplémentaire sera accordé aux Fonds locaux d’investissement (FLI).
Diminution des investissements en économie et en innovation et choix plus ciblés
Comparativement au dernier budget, où nous avions des indications sur deux politiques importantes du gouvernement, soit le Plan québécois en entrepreneuriat (PQE) et la Stratégie québécoise en recherche et en investissement en innovation (SQRI2), ce budget indique une baisse des montants alloués au portefeuille du Ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIE) pour l’année 2023-2024 par rapport aux dépenses engagées en 2022-2023 passant de 1,895 milliards de dollars à 1,570 milliards de dollars. Cette diminution était à prévoir et est circonstancielle à la fin de la précédente stratégie en recherche et en innovation et au début de la nouvelle mouture de la SQRI2. Elle indique également un signal de prudence aux organismes financés par le MEIE qui doivent concentrer leurs efforts pour atteindre un maximum de gain économique avec les enveloppes prévues.
Cette diminution se perçoit par la reconduction de certaines mesures clés pour soutenir l’entrepreneuriat innovant avec des enveloppes moins importantes, dont le Programme de soutien à la commercialisation et à l’exportation (PSCE), l’initiative Vision internationale du Québec (VIQ) et le projet des zones d’innovation. De plus, le congé fiscal pour les grands projets d’investissement d’au moins 100 millions de dollars pourrait être utile pour le développement économique régional en agissant comme vecteur d’innovation dans certaines régions.
Au-delà de la diminution des crédits alloués au MEIE, nous devons également comprendre que les mesures qui sont inscrites au budget 2023-2024 témoignent de la priorité accordée à certains secteurs d’activités prioritaires au gouvernement, notamment les transports (secteur qui comprend aussi la filière batterie), la cybersécurité, l’éducation et la santé, mais également, dans une moindre mesure, le tourisme, les industries culturelles et créatives, les technologies propres, les sciences de la vie et les technologies médicales, et les technologies financières. Cette priorisation donne un éclairage sur les secteurs dont certains ont du soutien financier déjà prévu pour les prochaines années.
Du soutien aux enjeux de main-d’œuvre; rien au financement des startups
Nous observons également des mesures importantes qui sont déployées pour s’attaquer à la rareté de main-d’œuvre qui est un enjeu majeur touchant toutes les entreprises, petites et grandes. Parmi celles-ci, nous saluons les budgets accordés aux activités de recrutement international menées par Montréal International, Québec International et la Société de développement économique de Drummondville et au déploiement d’une plateforme numérique de partage de la main-d’oeuvre en tourisme à l’ensemble des entreprises du secteur au Québec développée, entre autres, par le MT Lab. L’intégration et la francisation des personnes issues de l’immigration sont aussi au cœur de ces mesures par le biais, entre autres, du déploiement de Francisation Québec et de mesures de promotion de l’immigration en région.
Nous déplorons toutefois l’absence de mesures permettant d’injecter davantage de financement aux startups qui en ont bien besoin. La seule mesure touchant le financement concerne la modernisation des fonds fiscalisés qui sont des alliés importants dans la chaîne de capital de risque. Nous notons également que le soutien financier aux entrepreneur.e.s est totalement absent de ce présent budget alors que des organismes tels que le Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec (RJCCQ) proposaient des mesures en ce sens.
Du travail à faire pour mettre en oeuvre nos recommandations
Les deux recommandations que nous avons émises dans notre mémoire soumis dans les consultations prébudgétaires n’ont pas été considérées dans le budget du Québec. Elles étaient ambitieuses et dessinaient un horizon possible pour l’écosystème startup québécois:
- Réformer, refinancer et intégrer dans la continuité les programmes, services et projets d’aide directe aux startups afin de donner plus de latitude aux entrepreneur.e.s, de réduire le fardeau administratif et le nombre des points d’accès différents, de transférer la responsabilité d’encadrement aux acteurs terrain et de développer une intelligence de données globale sur la santé de l’écosystème d’entrepreneuriat innovant.
- Investir dans un continuum d’accompagnement, notamment par une canalisation structurée de l’aide directe, du financement et de la mesure de performance des organismes et des opportunités de financement et d’investissement afin de réduire les discontinuités dans le parcours des startups.
Nous continuerons le travail auprès du MEIE ainsi qu’avec toutes les parties prenantes concernées pour la sensibilisation et la mise en œuvre de ces recommandations.
Pour en savoir plus sur les mesures d’intérêt pour la communauté des accélérateurs d’innovation au Québec, consultez notre note d’information sur le budget du Québec 2023-2024.