Capital de risque : soutenir et préparer les startups québécoises pour des levées de fonds stratégiques
Publié le 15 novembre 2024
Le 12 novembre dernier, en partenariat avec Espace CDPQ, nous avons organisé une formation axée sur le capital de risque, conçue pour outiller les professionnels de l’accompagnement dans l’écosystème startup du Québec. Cet événement a rassemblé six experts venus partager leur expérience et leurs conseils pratiques pour bien comprendre le financement en capital de risque et ainsi mieux préparer les startups à réussir leur levée de fonds.
Comprendre le capital de risque : les fondamentaux
Le capital de risque est une source de financement essentielle pour les startups en croissance rapide. Gabriel Dannenbaum, directeur des opérations de Front Row Ventures, a débuté la formation en expliquant les types de financement disponibles, allant des accélérateurs et fonds d’investissement pré-amorçage jusqu’au capital de risque institutionnel. Il a mis en lumière les étapes-clés du cycle d’investissement et les critères que les investisseurs évaluent avant de financer une entreprise.
Voici les principaux points à retenir:
- Les sources de financement en phase précoce: Avant même de solliciter des fonds de capital de risque, les startups doivent souvent explorer des options de financement alternatives, telles que les subventions, les prêts ou le financement provenant des amis et de la famille (ce qu’on appelle souvent le financement FFF : « Friends, Family, and Fools »). Ces sources permettent d’obtenir un soutien sans diluer la propriété de l’entreprise.
- La croissance rapide au cœur du capital de risque: Les fonds de capital de risque investissent uniquement dans des entreprises avec un potentiel de croissance rapide et ambitieux, visant une sortie (ou exit) dans un délai d’environ 10 ans. Pour cette raison, toutes les startups ne sont pas candidates au capital de risque. L’entreprise doit avoir des perspectives de forte expansion et accepter de partager le contrôle avec ses investisseurs.
- Le cycle de vie des startups: chaque phase de croissance de la startup — de l’amorçage à la maturité — exige des types de financement spécifiques et que les investisseurs attendent des retours de plus en plus élevés au fur et à mesure que l’entreprise se développe.
En résumé, bien comprendre comment le capital de risque s’intègre dans le parcours entrepreneurial est essentiel pour choisir le bon moment pour rechercher ce type de financement.
État des lieux de l’industrie du capital de risque au Québec
Olivier Quenneville, président-directeur général de Réseau Capital, a ensuite présenté un portrait actuel de l’industrie du capital de risque au Québec. Malgré un ralentissement observé dans les financements des startups depuis 2022, plusieurs points positifs démontrent la solidité de l’écosystème québécois :
- Une chaîne d’investissement diversifiée et intégrée: Comme le montre la cartographie des investisseurs, le Québec dispose de nombreux fonds de capital de risque présents à tous les stades de développement des entreprises, ce qui facilite la croissance des startups locales. Par ailleurs, plusieurs nouveaux fonds d’amorçage ont été créés au cours des dernières années, offrant aux jeunes entreprises davantage d’options de financement en phase initiale.
- Des taux de rendement compétitifs: Bien que l’industrie traverse un cycle plus prudent en raison de la hausse des taux d’intérêt, les rendements restent intéressants, avec des taux de rendement interne (TRI) compétitifs. Ces résultats témoignent d’une résilience des entreprises québécoises dans un contexte difficile.
- Les défis de la sortie: Un défi de taille reste cependant le manque de sorties, ou de possibilités d’exit, qui permettent aux investisseurs de récupérer leur investissement. Pour pallier ce problème, notre expert a évoqué l’importance de l’accompagnement des startups pour assurer leur croissance et les amener vers des étapes de sortie fructueuses.
Conseils pratiques pour accompagner les startups en recherche de financement
Sylvain Carle, un investisseur et mentor expérimenté, cofondateur et directeur de CIVIC, a partagé des conseils pratiques pour les professionnels de l’accompagnement, rappelant que le processus de financement est une démarche complexe qui nécessite préparation, patience et résilience.
- Mettre en place une gestion financière rigoureuse: il est d’abord nécessaire pour les startups de comprendre les bases de la gestion financière. Avant même de chercher des investisseurs, une startup doit savoir comment gérer ses revenus, ses dépenses, et surtout, anticiper les besoins de trésorerie. Une bonne gestion est essentielle pour convaincre les investisseurs potentiels de la viabilité du projet.
- La préparation du « data room »: Avant d’entamer une levée de fonds, les accompagnateurs devraient appuyer les entrepreneur.e.s dans leur préparation d’ un « data room », un espace virtuel qui contient tous les documents essentiels pour les investisseurs : projections financières, documents juridiques, stratégie de croissance, etc. Cette préparation permet d’éviter des délais et montre le sérieux de l’entreprise.
- Trouver le bon « fit » avec les investisseurs: un investisseur en capital de risque n’est pas qu’un simple financier; c’est un partenaire stratégique. Il est crucial de bien cibler les investisseurs, de connaître leurs thèses d’investissement et de s’assurer qu’ils partagent la vision de l’entreprise. Un bon partenariat peut faire toute la différence sur le long terme.
Approcher les investisseurs internationaux : ce qu’il faut savoir
Carmen Zanfirescu, déléguée commerciale – transport et capital de risque – attachée à l’Antenne du Québec à Silicon Valley, a apporté une perspective internationale en soulignant les attentes spécifiques des investisseurs américains et l’importance d’une approche stratégique pour pénétrer ce marché.
- L’importance d’un contenu en anglais: Pour réussir à attirer l’attention des investisseurs américains, il est primordial de leur simplifier l’accès aux informations essentielles des startups: documents et un site web en anglais, données financières converties en dollar US. De nombreux investisseurs n’ont pas le réflexe de consulter des ressources en français, ce qui peut freiner les opportunités de collaboration.
- Se démarquer dans un marché très compétitif: La Silicon Valley attire des entreprises de partout dans le monde. Pour réussir, une startup québécoise doit non seulement être bien préparée, mais aussi prouver son originalité et sa pertinence sur le marché américain.
- Profiter des réseaux de soutien: plusieurs initiatives du Québec facilitent les connexions entre startups et investisseurs internationaux, comme les programmes d’accompagnement et les bases de données de contacts disponibles pour aider les entreprises québécoises à se positionner efficacement.
Témoignage Inspirant: la levée de fonds de Omy Laboratoires
La formation s’est conclue par un échange inspirant entre Andréa Gomez, PDG de Omy Laboratoires, et Annick Charbonneau, cofondatrice et associée directrice d’Accelia Capital. Cet échange a permis de comprendre mieux comment Omy Laboratoires a réussi à lever 11 millions de dollars pour faire croître son entreprise de cosmétiques personnalisés. Leur récit a mis en lumière plusieurs points essentiels pour les entrepreneurs en quête de financement :
- L’importance d’un bon réseau : Andréa a souligné combien les connexions au sein de l’écosystème québécois, ainsi que le soutien d’Accelia Capital, ont joué un rôle déterminant dans sa levée de fonds. En se connectant aux bonnes personnes et en bénéficiant de conseils stratégiques, elle a pu naviguer plus facilement dans l’univers complexe du capital de risque.
- Une préparation minutieuse : Comme l’ont noté plusieurs intervenants, une levée de fonds exige une préparation soignée. Andréa a partagé comment elle a ajusté son « pitch deck » en fonction de chaque investisseur rencontré et a mis en place un plan de financement solide avant de solliciter des investisseurs. Par exemple, lorsqu’elle obtenait une bourse financière, elle l’utilisait comme levier afin de lever plus de financement.
- Une vision ambitieuse et claire : Andréa a également mentionné l’importance d’avoir une vision claire pour attirer les investisseurs. Sa volonté de révolutionner le marché des cosmétiques personnalisés et de se démarquer au niveau international a été l’un des éléments qui ont suscité l’intérêt des investisseurs.
En conclusion, cet événement a été une véritable mine de conseils et d’outils indispensables pour les accompagnateurs d’entrepreneurs, offrant une compréhension approfondie des besoins en capital de risque et des défis propres à l’industrie québécoise.
Et pour maîtriser le sujet sur le bout des doigts …
main et Espace CDPQ encouragent les professionnels de l’accompagnement et les entrepreneurs à continuer de développer leurs connaissances sur le capital de risque.
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